Page:Marguerite de Navarre - L’Heptaméron, éd. Lincy & Montaiglon, tome III.djvu/255

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


SOIXANTE CINQUIESME NOUVELLE


La fausseté d’un miracle, que les Prestres Sainct-Jean de Lyon vouloient cacher, fut découverte par la connoissance de la sottise d’une vieille.


n l’église Sainct-Jehan de Lyon y a une chappelle fort obscure, & dedans ung Sépulcre faict de pierre à grans personnages eslevez comme le vif, & sont à l’entour du sépulcre plusieurs hommes d’armes couchez.

Ung jour, ung souldart se pourmenant dans l’église au temps d’esté qu’i faict grand chault, luy print envye de dormyr, &, regardant ceste chappelle obscure & fresche, pensa d’aller garder le Sépulcre, en dormant comme les aultres, auprès desquels il se coucha. Or advint il que une bonne vieille fort dévote arriva au plus fort de son sommeil &, après qu’elle eust dist ses dévotions, tenant une chandelle ardente en sa main, la voulut