Page:Marguerite de Navarre - L’Heptaméron, éd. Lincy & Montaiglon, tome III.djvu/55

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QUARANTE QUATRIESME NOUVELLE


Pour n’avoir dissimulé la vérité, le Seigneur de Sédan doubla l’aumône à un Cordelier, qui eut deux pourceaux pour un.


n la Maison de Sédan arriva ung Cordelier pour demander à Madame de Sédan, qui estoit de la Maison de Crouy, ung pourceau que tous les ans elle leur donnoyt pour aulmosne.

Monseigneur de Sédan, qui estoit homme saige & parlant plaisamment, feit manger ce beau Père à sa table &, entre autres propos, luy dist pour le mectre aux champs : « Beau Père, vous faictes bien de faire vos questes tandis qu’on ne vous congnoist poinct, car j’ay grand paour que, si une fois vostre ypocrisie est descouverte, vous n’aurez plus le pain des pauvres enfans acquis par la sueur des pères. »

Le Cordelier ne s’estonna poinct de ces propos,