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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS

personne, à ses sentiments & à son esprit. La démonstration est incontestable, & la preuve, qui résulte de tout l’ensemble du livre & qui est confirmée par tous les détails, est désormais faite d’une façon définitive. — M.

III. — ENNASUITE ou EMARSUITE.

« Ennasuite, tout en riant, lui répondit (à la jeune veufve Longarine)

« Chacune n’a pas perdu son mary comme vous. » (Prologue.)

« C’est elle qui raconte la ive Nouvelle de la Ire Journée, dont le sujet n’est autre que l’aventure de Marguerite avec l’Amiral Bonnivet.

« Elle se croyait aimée par Safredent, bien que ce fût à une autre de la compagnie que s’adressassent les vœux de ce dernier (Nouv. III, Épil.). Parlamente ayant dit qu’il était à désirer que chaque femme se contentât de son mari, elle prend ce reproche pour elle & y répond (Nouv. xxxv, Épil.). Elle préfère la compagnie de certaines bêtes, pourvu qu’elles ne mordent pas, à celle de certains hommes colères & insupportables (Nouv. lxvii, Épil.).

« Elle raconte les sept Nouvelles, IV, xix, XXVII, XXXVI, XLVIII, LIII, LXVI.

« Ennasuite pourrait bien être Anne de Vivonne, mère de Brantôme, fille de Louise de Daillon & d’André de Vivonne, mariée, à l’âge de treize ans, à François, baron de Bourdeille, qui fut toute sa vie l’un des Officiers domestiques de la Maison de François Ier (Voyez une notice sur sa vie en tête des Preuves de la généalogie de la Maison de Bourdeille, t. XV des Œuvres de Brantôme, édit. de 1740). Dès l’année 1529, Anne de Vivonne était Dame du corps de Marguerite & recevait en cette qualité trois cents livres de gages par an. Brantôme parle d’elle dans ses ouvrages ; mais particulièrement, Discours 1er  des Dames galantes (t. VII, p. 212, de l’édit.in-8o), il dit : « A ce que j’ay ouy dire à ma mère, qui estoit à la Royne de Navarre & qui en sçavoit quelques secrets de ses Nouvelles, & qu’elle en estoit l’une des devisantes. » — L.

— Sans nier, M. Lacroix (éd. de 1858, p. xxvij) a douté de l’attribution. M. Franck, p. 138-41, l’adopte & la confirme : « Brantôme dit formellement que sa mère était une des devisantes de l’Heptaméron. Que serait-elle sinon Ennasuicte, puisque Louise de Savoie est Osile, Dame vieille & veuve, — que Parlamente est Marguerite