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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS

V. — LONGARINE.

« La jeune vefve Longarine adjousta à ce propos : Mais, qui pis est, nous deviendrions fascheuses. » (Prologue.) Elle montre un caractère gai, plein de franchise (voir au Prologue des Nouv. xv & xxv). Elle avait toujours vécu en bonne intelligence avec son mari (Nouv. XXXVII, Épil.). Elle accuse Hircan & Saffredent d’avoir pourchassé les Chambrières de leurs femmes (Nouv. viii, Épil.). Tous les serviteurs qu’elle a eus (les amoureux) lui ont toujours paru penser à leur plaisir plutôt qu’à elle ; aussi les a-t-elle congédiés (Nouv. xiv, Épil.)

« Elle raconte les sept Nouvelles viii, xv, xxv, XXXVIII, L, LIX, LXII.

« Cette jeune veuve pourrait bien être Mme de Châtillon, qui donna de si bons conseils à sa maîtresse quand elle eut repoussé la tentative hardie de l’Amiral Bonnivel (voir Ire Journ., Nouv. iv). Blanche de Tournon, veuve en premières noces de Raimond d’Agout, Comte de Sault en Provence, sœur du Cardinal de Tournon, ministre de François Ier, fille de Jacques de Tournon & de Jeanne de Polignac, épousa en secondes noces, le 11 juillet 1505, Jacques de Coligny, seigneur de Châtillon-sur-Loing, Chambellan des Rois Charles VIII & Louis XII, qui mourut à Ferrare, le 25 mai 1512, des blessures reçues, deux jours auparavant, à la bataille de Ravenne. Brantôme lui a consacré le xixe de ses Discours sur les grands Capitaines François (t. II, p. 103, de l’édition in-8o ; t. VI, p. 163, de l’édition in-18).

« Suivant Brantôme, Discours iv, art. 3, des Dames galantes, la Dame de Châtillon avait contracté une troisième union clandestine avec le Cardinal du Bellay. Le même historien dit encore qu’elle était une des trois veuves auxquelles le duc d’Albanie joua un tour aussi plaisant que leste, lors du voyage du pape Clément VII à Marseille. Voir Dames galantes, Disc. VII, t. III, p. 377, de l’édition in-18 ; t. VII, p. 535, de l’édition in-8o. » — L.

M. Franck n’est pas d’avis qu’il puisse s’agir ici de Mme de Chastillon : « Elle ne devait guère être jeune au moment où se reporte Marguerite, si tant est qu’elle fût vivante. Longarine est la Dame de Longrai ou Longray — village normand tout proche d’Alençon, — dite la Baillive de Caen, de son nom Aimée Motier de la Fayette, une des femmes de l’intimité la plus étroite de la Reine Marguerite, avec sa fille Françoise. Le Bailli de Caen, François de Silly, fut tué à Pavie en 1525. Le premier mari de leur fille était Frédéric d’Al-