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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS

de fait l’un d’eux l’alla dire à ceste dame, laquelle le dit à son mary. L’Advocat voyoit bien qu’il falloit que luy & sa femme vuidassent le royaume ; encore auroient ils beaucoup à faire à se sauver, s’ils ne luy obéissoient. Enfin le mari dispense sa femme de s’accomoder à la volonté du Roi &, afin de n’empescher rien en ceste affaire, il fit semblant d’avoir affaire aux champs pour huit ou dix jours. Ce pendant il se tenoit caché dans la ville de Paris, frequentant les bourdeaux, cherchant la vérole pour la donner à sa femme, afin que le Roi la print d’elle ; & trouve incontinent ce qu’il cherchoit & en infecta sa femme, & elle puis après le Roi, lequel la donna à plusieurs autres femmes qu’il entretenoit, & n’en peut jamais bien guérir, car tout le reste de sa vie il fut mal sain ; chagrin, fascheux, inaccessible. » (Diverses Leçons de Loys Guyon, sieur de la Nauche, Lyon, 1610, in-8o, t. II, p. 109.) Brantôme parle aussi de la maladie honteuse qu’auroit gagnée le Roi à force de galanteries & dit que ses jours en ont été abrégés, mais il ne désigne aucune femme & ne raconte pas l’histoire de l’Avocate. Plusieurs ont pensé que cette femme n’était autre que la belle Fèronnière, ainsi nommée parce qu’elle était mariée à un Avocat de la famille Le Fèron, dont plusieurs membres ont marqué dans le barreau de Paris. (Voyez Catalogue de tous les Conseillers du Parlement de Paris, p. 120, 122, 123 ; Blanchard, les Présidents au mortier du Parlement de Paris, etc., 1647, in-8o.)

Il faut donc ranger au nombre des anecdotes apocryphes la dernière partie & la plus sale de l’aventure de l’Avocat de Paris. Ce qui est vrai, Marguerite nous l’a fait connaître ; les historiens modernes, même ceux qui se sont montrés les plus défavorables à François Ier, n’ont pas reproduit le fait cité par Louis Guyon. M. Genin, éditeur des Lettres de Marguerite, a même publié le post-scriptum d’une lettre du cardinal d’Armagnac qui prouve que, moins d’un an avant sa mort, le Roi était en parfaite santé ; voyez Lettres de Marguerite d’Angoulême, &c., 1841, in-8o, p. 473. Ainsi se trouve réduite à néant l’ignoble accusation d’une maladie honteuse qui aurait hâté la mort de François Ier. — L.

— Voici un passage du Journal d’un Bourgeois de Paris sous le règne de François Ier, nouvellement publié par la Société de l’Histoire de France, qui nous semble avoir quelque rapport avec cette Nouvelle & confirmer les observations que nous avons faites. À propos d’un prêtre nommé Me Cruche, auteur de Farces & Moralités politiques, on lit : « Et à la Farce fut le dict Monsieur Cruche & avec ses complices, qui avoit une lanterne par laquelle voyoit toutes choses, & entre autres qu’il y avoit une poulle qui se