Page:Marguerite de Navarre - L’Heptaméron, éd. Lincy & Montaiglon, tome IV.djvu/83

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


III. — AUTRE FARCE

L’INQUISITEUR.
Bib. nat.; Fonds français, no 12,485, folio 100 vo à 107 vo.
L’Inquisiteur commence.

Le temps s’en va tousjours en empirant ;
L’on ne fait plus de religion compte.
Nostre crédit, dont je voys souspirant,
Se pourroict bien en fin tourner à honte.
Ce savoir neuf, qui le nostre surmonte,
Nous oustera en fin honneur bruict,
D’ont tous les jours fault qu’en chaire je monte
Jusques à ce que par moy soit destruict.

Si je n’avoys qu’aux ignorans affaire,
Je les ferois retourner par la craincte ;
Mais je ne puis les sçavans faire taire,
Qui myeulx que moy ont l’Escripture saincte,
Car contanter je ne les puis de faincte ;
Tousjours leur fault alléguer l’Escripture,
Dont ilz me font soustenir peine maincte,
Car je n’en feiz jamais bonne lecture.

Grant temps y a que suis passé Docteur
Dedans Paris par ceulx de la Sorbonne ;