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Page:Marguerite de Navarre - Les Marguerites de la Marguerite des Princesses, t. 1, éd. Frank, 1873.djvu/122

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Que celle Fleur qui nostre siecle honnore,
Et les beaux Liz, et la France décore,
Ne porte fruitz d’inestimable prix,
Dont soyent repeuz tant de nobles esprits,
Qu’ores on voit par les terres Galliques
A tout sçavoir et vertus héroïques
Estre addonnez. Ces doux fruitz immortelz
Sy rares sont, qu’il n’en est point de telz.
Il n’en est point en l’heureuse contrée
Que Pactolus ou la mer Erithrée
Vont arrousant ; point n’en est en Seba,
Ny ès haults monts fertiles de Saba.
Il n’en est point de telz en la Syrie,
En Palestine, ou bien en Assyrie ;
Il n’en est point du grand fleuve Araxes
Jusqu’à Phasis, ou jusqu’à Oaxes,
Du froid climat soubz lequel sont les Getes,
Delà Ister jusques aux Massagetes ;
Il n’en est point depuis les fiers Gelons
J’usqu’en Rhutie, et jusques aux Polons.
D’iceux sans plus est la France douée.
Où est la fleur sur toute autre louée,
Fleur de pourpris, fleur tousjours fleurissant,
Fleur de beauté naïve, fleur yssant
De Royal tyge et semence Royale,
Ceinte d’honneur, Céleste, Liliale,
Fleur qui les fruitz porte, dont à présent.