Page:Marguerite de Navarre - Les Marguerites de la Marguerite des Princesses, t. 1, éd. Frank, 1873.djvu/178

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Si seulement mon merite regarde, Rien je ne voy qui de ce feu me garde. Il est tout vray qu'il n'est que pour le Diable, Et n'est point fait pour l'homme raisonnable. Mais, toutesfois, s'il a mis son estude De l'ennemy prendre similitude, C'est bien raison que (comme luy) il soit Retribué à loyer qu'il reçoit.

Car si l'homme, par contemplation, Amour, vertu, bonté, perfection, De l'Ange tient et à la fin herite Au ciel, le lieu de semblable merite, Le vicieux en Enfer est puny, Avec celuy à qui il s'est uny. Sapien. 18. Puis qu'à Satan du tout s'est comparé, Il tient le lieu qui luy est preparé. Matth. 25. Cecy bien peu mon esperit conforte, Pensant des deux la differente sorte Nier ne puis qu'au mauvais ne ressemble Trop plus qu'au bon : parquoy je crains et tremble : Car la vie est de l'Ange si celeste, Que rien n'en tiens : cela je le proteste. Mais de l'autre, j'en ay tant de semblance, Tant de malice et tant d'acoustumance, Que de son mal, de sa peine et tourment, Participer doy par vray jugement.

Grand et trop grand est le cruel peché