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Page:Marguerite de Navarre - Les Marguerites de la Marguerite des Princesses, t. 1, éd. Frank, 1873.djvu/198

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ORAISON

Luy ouvre Vœil pour voir Vinterieur.
Lors il u voit comme supérieur y
Dieu tout en tous, de tous la vie et Vestre.
Et luy de tous damnez l’inférieur,
Rien, en la main de ta puissante dextre.
Le Sourd qui ha son oreille fermée,
Par nonchaloir en erreur confermée,
Est cler oyant, qui d^ouyr n’estait digne.
Nature en luy par toy est reformée,
Et en la tienne est sy bien transformée,
Qu’il oyt, mais c’est de Fouye divine.
Il oyt ia voix gracieuse et bénigne ;
Par cesîe voix te congnoit son Pasteur,
Luy ta Brebis, qui de crier ne fine :
Las ! jeperiz sans toy, mon Salvateur.
Le Muet donc, à qui parole fault,
En ceste chair parle et crie bien haulî,
Quand en sa bouche à ta parole vive
Il se confesse, et congnoit son default,
Et qu’il est rien, qui nulle chose vault.
Et toy. Seigneur, bonté pure et naïve,
Il crie à toy remply d’amour active.
Demandant l’eau du don tant désirable.
L’ayant receu, son Ame est enîentive
A sans cesse crier : die » est aymable.
Mais ceste voix de Jacob qui s’estime
Le plus petit, le dernier et l’infime,