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Page:Marguerite de Navarre - Les Marguerites de la Marguerite des Princesses, t. 1, éd. Frank, 1873.djvu/40

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vraisemblablement par la véhémente apostrophe de Sainte-Marthe. Ainsi tous les écrivains fameux de l’époque se réunirent pour « collauder l’esprit de Marguerite », selon une expression de Jehan de Frotté, son fidèle serviteur, qui lui a rendu aussi un poétique hommage. Ce petit volume s’ouvre par une dédicace de Denisot à la nièce de la reine de Navarre, Marguerite, sœur unique du roi (Henri II) ; le Conte d’Alsinois y exalte « la seconde Marguerite, non moins noble que la première ». On sait, en effet, qu’avant de devenir la protectrice des lettres dans sa petite cour de Turin, comme notre Marguerite en France, cette princesse continua chez nous l’œuvre de sa tante, spécialement comme duchesse de Berry[1] . La pièce la plus importante du recueil est celle de Ronsard, qui, après s’être débattu en des strophes prétentieuses, surchargées d’une vaine mythologie, dans son Hymne triumphal, rencontra la grâce et l’inspiration dans sa charmante pastorale : Aux cendres de Marguerite de Valois. Voici quelques-uns des vers harmonieux qu’il laissa couler de sa plume :

Bien heureuse et chaste cendre
Que la mort a fait descendre
Dessous l’oubly du tombeau :
Tombeau qui vraiment enserre
Tout ce qu’avoit nostre terre
D’honneur, de grâce et de beau...

Il ne faut point qu’on te face
Un sépulcre qui embrasse

  1. V. la France protestante, art. cit.