Page:Marguerite de Navarre - Les Marguerites de la Marguerite des Princesses, t. 2, éd. Frank, 1873.djvu/202

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DU DESERT.

Par qui pourra t’amye en joye vivre,
Le regardant en ce désert estrange.
Elle qui est de parfaite amour yvre
Se sentira de tout ennuy délivre,
Et ne fera que chanter ta louenge ;
A la servir tresvolontiers me renge
Parle pour moy, Seigneur, et ta douceur
Resjouyra l'esprit plus cler qu’un Ange
De ton espouse, Amye, fille et sœur.

Dieu.

Il appartient à m’amye d’avoir
Plusieurs servans. Or fais donc ton devoir
De la servyr ; et pars, dame Mémoire ;
Ce Livre vieux luy feras au long voir,
Où mon vouloir se peult du tout sçavoir.
Monstre luy tout, sans cacher nulle histoire ;
Je luy feray apparent et notoire
L’esprit caché dedens la lettre morte
Par mon Esprit, qui par Foy la fait croire,
Et fort aymer celuy qui la conforte.

Memoire.

Puis qu’il te plaist, ô Dieu seul sur tous Dieux,
Porter luy vois ce Livre antique et vieux,
Qu’elle pourra lire à son beau loisir.
Et son Esprit, qui habite aux saintz deux