Page:Marguerite de Navarre - Les Marguerites de la Marguerite des Princesses, t. 4, éd. Frank, 1873.djvu/139

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comédie.

Je voy que vous ne sçavez mye
La grand puissance qu’a le temps.
Hau, que j’en ay veu de contens
Qui n'eussent sceu souhaiter mieux !
Mais tout soudain du hault des Cieux
Les ay veu descendre bien bas.
Je prise et loue voz estats.
La vertu, qui vous rend parfaite,
Vous ha ainsi joyeuse faite.
Toutesfois, ne l’autorisez
Tant, que les autres desprisez.
Amour est un fin et faux Ange
Qui trescruellement se venge
De ceux qui de luy n’ont fait compte :
Car un orguilleux craint la honte.
Plus il vous voit honneste et belle,
Envers luy cruelle et rebelle,
Plus il desire droit frapper
En vostre cœur et l'attrapper ;
Ce que jusques icy n’ha fait,
N’ayant trouvé nul si parfait
Qui meritast vostre amytié.
Si une fois vostre moytié
Amour met devant voz beaux yeux,
Onques personne n’ayma mieux
Que vous ferez, j’en suis certaine.
Ce sera la bonté haultaine,