Page:Marguerite de Navarre - Les Marguerites de la Marguerite des Princesses, t. 4, éd. Frank, 1873.djvu/20

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
8
LA PREMIERE DAME.

OÙ tout soudain convertirez voz pleurs
En passe temps, et changerez en fleurs
Le faix d’espines
Que vous portez, que je croy des plus fines
Qu’on voye point, le jugeant par voz mines
Où de douleur l’on voit apparens signes.
Or donc aymez
En autre lieu, et point ne me blasmez
Si je ne veux que dame me clamez,
Assez de cœurs trouverez affamez
De vostre amour.
Vous valez bien d’avoir de jour en jour
D’une bien sage un tresgratieux tour.
Ne face plus vostre cœur de séjour
En mon endroit,
Où tout son temps et sa peine perdroit,
Et à la fin congnoistre il luy faudroit
Que mieux mourir que tant aymer vaudroit.
J’ay repentance
Dont premier prins à vous la congnoissance,
Cuydant avoir une bonne acointance,
De vous hanter, ne pensant que puissance
Amour eust telle
Que faire peust saillir une estincelle
Pour vous brusler du visage de celle
Qui grâce n’eut, ny onques ne fut belle.
Mais c’est malheur