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LA COCHE

Le Roy vrayment
(Dit l’autre après) j’eusse eslu justement,
Car qui est plus que luy parfait amant,
Ne qui entend
Mieux qu’il ne fait où vraye amour pretend ?
Il ha aymé sy fort, sy bien et tant,
Qu’il peult entendre
Ce qui en est et la raison en rendre
Par son bon sens, qui à tous peult apprendre.
L’amour loyal.
Ferme et parfait, dedens son cœur royal
Ha fait son throne et son hault tribunal,
Pour juger tous
Les vrays amants, sages, hardis et doux,
Et se moquer des glorieux etfoulz
Qui font les braves,
Oultrecuidez pensans faire les graves,
Puis refusez. Bien sots sont les esclaves,
Car c’est le rolle
Qu’il faut jouer, où default la parole
Et le bon sens. Et quelque povre fole
Ou les craindra
En bravegeant, ou pour morts les tiendra,
Ne parlant plus : ce que point n’aviendra
A une sage,
Qui prend plaisir d’ouyr un bon langage,
Dit d’un bon cœur vertueux, d’un visage