SUR MARGUERITE D’ANGOULEME. Et ça bas voir une tierce partie Des faits joyeux du bon Pantagruel ? Néanmoins, ce détachement des choses de la terre n’était pas encore parvenu au point où le ſit monter depuis la mort du Roi. Marguerite hors de l’enceinte du couvent de Tusson, se retrouvant en famille, dans sa petite cour de Nérac ou de Pau, se livrait à des amusements moins austères. « Nous passons notre temps, écrit-elle, à faire momeries et farces. » Elle veut parler sans doute de la représentation des drames et dialogues satiriques qu’on trouve dans ses æuvres. Elle n’avait pas abandonné la poésie ; une des principales pièces de son recueil, la Coche, doit avoir été composée vers cette époque. Marguerite s’y met en scène elle-même. Trois dames veulent soumettre à son jugement un débat sur l’amour ; elle s’était d’abord récusée, alléguant son âge et l’affaiblissement de ses facultés : « Mes cinquante ans, ma vertu aſfoiblie, « Le temps passé, comm inmandent que j’oublie, Ce dixain, dont j’ai supprimé quelques vers qui sont un galimatias mystique, porte pour suscription : A l’esprit de la reinc de Navarre ; c’est-à-dire à son esprit contemplatif, dégagé des passions et des intérêts de ce monde. Mais Leduchat, par
inadvertance, a cru que ces vers s’adressaient à Marguerite défunte, et en a conela que le 1° livre de Pantagruel était postérieur à 1549, tandis qu’il en existe denx éditions de 1546. (Voyez le Ménagiana, 1. III, p. 249.)