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DE LA REINE DE NAVARRE.

l’ay appris de vous, qui estes l’esemple seul que j’ay desiré d’ensuivre. Par quoy, Monseigneur, le sentemant et le jugement que vous en avez me fera sans crainte asseurer d’estre en vostre bonne grace, à laquelle sans cesser plus que très humblement se recoumande Vostre

très humble et très obéissante subjecte et mignonne

MARGUERITE. [Ms. n° 102. ]

LETTRE CII. AU ROI.

peu (Décembre 1537.)

Monseigneur, ce n’estoit pas raison que pour

si de chose

que la maladie de ma fille, je vous eusse deu ennuyer de lire ma lectre, car j’ay bien veu l’heure que je reservois à vous donner peine pour estre, après Dieu, ma seule consolacion, veu le coumencement de sa fievre, et de son flux, quy estoit, avecques sang et raclures, tant fort et furieux, que, sy Dieu au bout des vingt et quatre heures n’eust diminué la fievre, son petit corps en avoit plus que sa portée. Demain sera son cinquiesme jour de son flux. A ce matin elle a pris de la reubarbe, dont je la treuve amendée, et espere

que celuy qui l’a mise en ce monde pour vous fere service luy donnera grace de parfaire le desir du père, de la mère et d’elle, qui est de plustoust la voir morte que d’y voir une seule faulte contre vostre intencion.