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LETTRES INÉDITES

LETTRES INÉDITES nelle bonté dont vous avez toujours unsé’envers elle, et envers nous ; mais par la perfecsion que Dieu a mise en vous supporter nos imperfecsions et nous corriger coume père, et non pas vous couroucer. Car si vostre courroux donne crainte à vos subjets, croyez, Monseigneur, qu’il nous donne la mort ; et ne nous sauriez faire plus grande puguycion quede nous ouster vostre bonne grace,

de quoy nous avons tousjours fait nostre reaulme et nostre trésor, coume par toute nostre vie l’avons monstré. Par quoy, Monseigneur, je vous supplie ne nous ouster point le bien que de si longtemps vous nous avez fait proceder, et au pris duquel tous aultres biens et houneurs ne nous sont riens ; perdant lequel, n’y a peine dont nous fassions estime. Car, après la perte de vostre bonne grace perdre les biens, les liouneurs de ce monde et la vie, nous seroit grant contentement, car jamais n’en avons fait cas que pour vous en servir. Par quoy, Monseigneur, s’il vous plest que le père, la mère et la fille vivent en vostre service, il vous plera doncques leur redonner la vie par la seureté de vostre grace ; car aultrement ceux qui en ont desiré la fin la voiront bientoust ; car nostre amour et nostre cucur n’est point semblable au leur, qui peuvent avoir joye cslongnés d’ung tel bien. Et aſin, Monseigneur, que vous entendez par s’il vous plest tant vous humilier, coume tout est passé, nous envoiryous l’esvesque de Séez qu’il vous a pleu nous prester, lequel, je suis seure, vous est tel servile menu,

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