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DE LA REINE DE NAVARRE.

gner mesler de cet affaire. Je ne vous diray point, Monseigneur, la responce qu’ils me firent, car la rudesse du pays me doit plustoust contraindre à les escuzer que à vous en faire le rapport. Pour conclusion, ils me prièrent qu’ils allassent devers vous pour entendre vostre voulenté, je n’ose dire comme doubtans que sans vostre coumandement je leur portasse cete parole. Je ne leur dis sinon : faites ce qu’il vous semble bon, et je feray ce que le Roy me coumande. Mais si vostre niepce ne le veult, je ne la presseray ne persuaderay jusques à ce que je soye devers le Roy. Or, Monseigneur, je vous supplie entendre qu’ils avoient baillé à cete fille une femme toute telle de visaige et condicion coume la Rousseliere, qui par argent vendroit sa mestraisse. Cete femme par trois fois lui a fait faire la malade pour la faire demeurer par les chemins et la me desrober ; en sorte que, à force de desclairer sa folie, je fus contrainte de la renvoyer aux tucteurs, ce qu’elle ne voulut, mais maulgré mes dens s’en alla à Toulouze’, en la maison du seneschal, où il n’estoit, et de là au palaiz, faire partout plainte de moy, comme une femme furieuse. Mais, Monseigneur, après qu’elle fust partie, la fille de Neigrepelice vint à moy me dire que cete femme l’avoit de Saint-Sulpice. Le testament (du 4 juillet 1527) en désigne un troisième, frère Jean de Solages, prieur de Saint-Martin de la Graulet. Le même acte donne à mademoiselle de Negrepelisse, en dot, la somme, prodigieuse pour le temps, de 12, 000 livres tournois. • M. de Negrepelisse était, en 1527, lieutenant général de Lan- guedoc.