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Page:Marguerite de Navarre - Nouvelles Lettres, éd. Génin, 1842.djvu/203

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DE LA REINE DE NAVARRE.

( ? 1540.) Monseigneur, la peine où je suis de celle que je say et sens que vous portez et avez soustenue si longtemps me contraint envoyer ce porteur, qui est vostre du tout, devers vous, non pour aultre occasion que pour estre par luy asseurée de vostre bonne et desirée prospérité, pour laquelle, sans cesser, faisons d’affecsionnées prières envers celuy qui par sa grace conserve vostre santé contre la malice de vos ennemis ; desquelz je vous supplie, Monseigneur, vous garder plus que jamais ; car s’ils ne peuvent par force satifaire à leur orgueil, croyez que par tous moyens infasmes s’essayront à contenter l’envie qu’ils ont de la ruine de vostre personne et de vos affaires ; desquels je suis seure que Nostre Seigneur Dieu sera si bon protecteur, que vous en saillirez à vostre honneur et contentement et à leur confusion ; et que la bonté qu’il a mise en vous ne sera vaincue par leur estresme malice. Et croyez, Monseigneur, que de ce cousté ne faillons de nous tenir sur nos gardes, car nous sommes souvent menassés. Mais le desir que Dieu a mis au cueur du de Navarre de vous fere service est tel, que je suis seure et ay cete ferme foy, qu’ils n’auront puissance contre luy ; et croy plus que jamais que là où Dieu donne