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DE LA REINE DE NAVARRE.

(1542.) Monseigneur, il me desplaist bien que moy mesmes ne puis aller sactifaire à vous mercier très humblement de tant de bien et d’honneur qu’il vous plest daigner continuer de me faire en prenant tant de soucy de

mioy, coume il vous plest par vostre lectre et ce que m’en a dist ce porteur me desmontrer. Qui me donne tant d’aise, que, en lieu d’avoir pacience de mon ennuy’, vous m’en faites desirer d’aultres, pour le contentement que j’ay trouvé en vostre consolacion. Suppliant celluy de qui tant de bonté vous est despartie, vous rendre pour moy la grace dont assez ne puis reconnoistre l’obligacion ; car il vous peult donner ce que je ne puis que vous desirer. Et pour ce, Monseigneur, que ce porteur vous dira l’estat où il m’a laissée et l’emuy que j’ay de ne pouvoir mener mon corps selon ma voulenté, je ne vous enouiray de redite, sinon de vous supplier, si vous voyez que je me doive advancer, n’espargner la personne qui n’est née en ce monde que pour vous servir. Car vous savez, Monseigneur, que plus grant bien ne desire que de fere Sa grossesse.