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DE LA REINE DE NAVARRE.

seure, estant vostre ennemy se rompre la teste devant Lendrecy, sans en rapporter que perte et honte. Je suis Monseigneur, que en pensant à toutes ces graces, vous en rendez l’honneur à qui le vous a donné’; et tant plus il vous honore par sa faveur et presence, de tant plus congnoissez vous que à luy seul appartient estre honoré, et n’en retenez riens en vostre l’amour qui en est augmentée et redoublée, coume je say que en tous vos grans affaires avez tousjours fait. Je le supplie, Monseigneur, vous conserver en la bonne santé où vous estes, et vous donner après tant d’hounorable travail une bonne paix, afin que en cueur

que Peut bien penser dont son hondenr venoit, Qui riche, heureux et craint le maintenoit. Voilà comment du Dieu de Paradis Les ennemis du Roy sont tous maudits. (Sryte des Marguerites, Ép. au Roy, p. 40.) · Dans le chagrin comme dans la prospérité, la reine de Navarre ne manque jamais de reporter sa pensée vers le ciel. On vient lui annoncer les succès du Roi:

Je ne saurois dire alors que je fis, Mais d’ung eufer sautée en Paradis Je me sentis, et, d’aise surmontée, Prins mon mary ainsy que deshontée ; Tons deux conrant, a l’esglise soubdain Feusmes portés ; avecques nous tont plein De monde sint, plus portés de plaisir Que de lenrs pieds; chacun ayant desir De s’acquitter à mercier celuy Qui de leur Roy a esté ferme appuy, Et maintenant, Seigneur, ne l’abandonne, Frappe pour luy, confonds ses ennemis, Veu qu’en toy seul tout son espoir est mis. II.

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