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DE LA REINE DE NAVARRE.

felicité. Et croyez, Monseigneur, que pour l’amour de vous je m’efforceray plus que pour l’amour de ma vie, afin d’obéir au plus heureux pour moy commandement que je puis recevoir. Mais en attendant, ayant retenu ce porteur jusques à ce que j’eusse la force de vous escripre cete lettre, je vous supplie, Monseigneur, le vouloir croire de ce qu’il vous dira de ma part ; car je ne luy ay riens celé, afin que vous saichez tout, et qu’il vous plese entendre que toutes choses sont si très bien par dessa, que vous en aurez service et contentement de l’entendre. Et quant à moy, n’ayez opinion, Monseigneur, que chose qui soit en ce monde me seust fascher, puisque je suis en vostre bonne grace, laquelle a tant de force en mon cueur, qu’il ne daigneroit tenir conte des petites folies qui sont passées, sinon en ce qui touche vostre service ; en quoy le roy de Navarre a tel soing que doit avoir vostre hon et loyal serviteur. Vous suppliant, Monseigneur, l’avoir tousjours en vostre bonne grace pour très humblement recommandé, et avecques luy Vostre très humble et très obéissante subjecte et mignonne

MARGUERITE. (Ms. n° 7.]