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DE LA REINE DE NAVARRE.

sont vos subjects, que, je me doubte, en seront aussy marris ; car ils n’ont plesir que de crier la guerre et dire tant de mensonges et meschancetés, que, sans la connoissance que j’ay de leur malice, j’eusse souvent esté en grant peine. Le pouvre gouverneur de Bayoune en a eu de terribles alarmes ! Et luy, qui est aultant homme de bien qu’il en soit point, y adjoustoit si grande foy, qu’il n’estoit pas content quant nous ne le pouvions croire, et disoit qu’il avoit peur que nous feussions mal advertis et que l’on nous fist une surprise. Le roy de Navarre, tant pour le sactifaire que

pour donner ordre qu’il n’y eust faulte par laquelle l’on prist occasion de faire entreprise, vous envoyoit ces advertissemens, et ne vous ousoit mander ce qu’il savoit de son costé, pour ne vous empescher d’envoyer ce qui estoit necessaire. Mais jamais n’avons oy dire que l’Empereur voulust rompre avecques vous, sinon par nostre cousté. Mais ces propous qu’en a fait semer Lascurre, dont aultrefois je vous ay dist les meschancetés ’, sont si peu fondés et si sots, qu’il m’a semblé que

le roy

de Navarre et moy ne vous en devions rompre la teste. Mais M. de Burie, qui à sa venue a recongnu ce langaige et trouvé toute menterie, a esté d’opinion que je vous en devois advertir, estant seur que vous ririez dont ils nous pensent si sots que de croire leurs folies. Et s’il vous en plest avoir le passe tenis, j’en envoie ung memoire au visconte de Lavedan, vous suppliant, Monseigneur, de croire que · Lettre cxxii, p. 212. II.

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