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Page:Marguerite de Navarre - Nouvelles Lettres, éd. Génin, 1842.djvu/29

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SUR MARGUERITE D’ANGOULÊME.

SUR MARGUERITE D’ANGOULÊME. mysticisme sous la conduite de Guillaume Briçonnet. A ce point de vue, il était difficile de choisir un meilleur guide, comme, au point de vue d’une religion simple et sensée, il l’eût été d’en rencontrer un plus mauvais. Cette lettre éclaire d’une nouvelle lumière toute la vie de Marguerite. On sait qu’elle n’aima jamais son premier mari, le duc d’Alençon, et tous les écrivains qui ont signalé ce fait en ont cherché la cause dans les défauts du duc. C’était, dit Voltaire, un prince sans esprit, sans figure, indigne de la femme la plus belle et la plus spirituelle de son temps. Quelques-uns même sont allés jusqu’à supposer une disproportion d’âge qui l’aurait fait hair. Charles, duc d’Alençon, était né le 27 septembre 1489 ; il n’avait donc que trois aris de plus que sa femme. En 1509, lors de son mariage, il avait vingt ans ; Marguerite en avait dix-sept, et François Jer quinze. Il ne put guère s’apercevoir qu’il ne possédait pas l’affection de sa femme, sans reconnaître en même temps celui qui la lui enlevait : nulle découverte ne pouvait lui être plus affreuse : la plainte, l’éclat, la vengeance, ces consolations ou ces dédonimagements vulgaires étaient ici impossibles ; et la fortune ne devait point borner là son injuste ri-