SUR MARGUERITE D’ANGOULÊME. mais elle n’avait alors que le goût sans la pratique des choses littéraires. C’est en 1521 qu’elle conmença à se vouer sérieusement à l’étude, à rechercher et à protéger les savants, à répandre son zèle sur tout ce qui rentrait dans le domaine du savoir. C’est alors qu’elle s’entoure de théologiens, étudie la Bible, se pénètre de saint Paul, se lance dans l’examen des questions religieuses dont le bruit s’élevait du côté de la Saxe et allait bientôt remplir l’Europe. Que propose-t-on ? de réformer les abus du clergé romain, de serrer de plus près l’Évangile ? Marguerite n’hésite pas : son âme tendre, pieuse et affligée est séduite par l’idée de la pénitence et des austérités à subir. Elle ira donc de ce côté. En 1521, il n’y avait encore ni catholiques, ni protestants : il n’y avait que des chrétiens plus ou moins sincères, plus ou moins fidèles à leurs devoirs religieux. Un peu plus tard, la division va devenir plus nette ; la secte va se dessiner et la séparation s’effectuer. Alors la reine de Navarre restera au giron de l’Église catholique ; mais elle ne se croira pas obligée pour cela de révérer le lendemain les abus qui la choquaient la veille, ni de retirer sa bienveillance et son appui aux hommes de qui elle avait expérimenté la science et dont elle connaissait la
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Apparence