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Page:Marguerite de Navarre - Nouvelles Lettres, éd. Génin, 1842.djvu/51

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DE LA REINE DE NAVARRE.

par que vous

Monseigneur, croire sans riens en doubter que ce n’est que pour esprouver combien vous l’aimez, et pour vous donner le loisir de penser et connoistre combien il vous aime ; car il veult avoir votre cueur entièrement, comme par amour vous a donné le sien, pour, après vous avoir unny à luy par tribulacion, vous deslivrer à sa gloire et rostre consolacion le mérite de sa victorieuse résurrecsion, afin que par vous son nom soit congnu et sanctifié, non seulement en vostre réaulme, mais par toute la cristienté jusques à la conversion des infideles. O que bienheureuse sera vostre brefve prison, par qui Dieu tant d’ames deslivrera de celle d’infidélité et esternelle damnacion ! Hélas ! Monseigneur, je say bien

l’entendez trop mieux que moy ; mais veu que en aultre chouse je ne pense que en vous, comme celuy seul que Dieu m’a laissé en ce monde, père, frère et mary", ne pouvant avoir le bien de Je vous dire et peu escripre, n’ay craint vous ennuyer de longue lectre, que tant m’est courte, pour le bien que ce m’est de penser parler à vous. Mais, pour la fin, vous veux bien asseurer que Madame est en très bonne santé en ce lieu des Celestins ?, où elle s’est guérie du tout et fortifiée de sa goutte ; et va souvent au jardin, afin que gardant sa santé, faisant chose à vous agréable, elle ne faille aux affaires dont la fin est tant desirée, et dont sans cesser en supplions le Roy celeste en la main duquel est la clef de vostre liberté. Le duc d’Alençon venait de mourir. · Couvent de Lyon.

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