Page:Margueritte - À la mer, 1906.djvu/23

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sa femme, Gabrielle, jolie boulotte au rire enfantin, qu’on appelait « Brielle ».

— Comme, Albert a grandi ! s’écria-t-on.

Il souriait gauchement, les bras au corps, gêné par cette exclamation inévitable qu’on proférait, chaque fois qu’on le revoyait. M. Archer lui prit le bras :

— « Embrasse donc Nénette ! » il le poussa vers sa fille, une petite sauterelle sèche dont les grands yeux de braise luisaient, en regardant Albert, qui l’embrassa comme il eût embrassé un morceau de bois ; il avait encore sur la lèvre la douceur des joues, parfumées de poudre de riz de Gabrielle.

M. Archer se multipliait, jetant des saluts, parlant haut, il empila tout le monde dans un omnibus, fit charrier les malles, tandis que Mme Janville contrite, répétait :

— Ferdinand, vous vous donnez un mal ! Albert, aide-donc ton oncle !

On avait jugé cette appellation plus convenable ; mais Albert estimait cette sujétion ridicule, et il ne sut pourquoi, il se sentit un peu humilié, comme si le nom de tante, adressé à Gabrielle, supposait une nuance de déférence