Page:Margueritte - À la mer, 1906.djvu/26

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— Tu m’avais promis de nous recevoir sans cérémonie ! Vous vous êtes déjà donné assez de mal ! Pourquoi faire des folies ?

Les Archer les avaient attirés à la mer, s’étaient chargés de leur trouver un logement et de leur retenir une servante. Ils s’étaient montrés froids, à l’origine, lorsque Mme Janville avait perdu son mari ; Archer, représentant d’une grande maison de vins de Bordeaux, gagnant cinquante mille francs par an, craignait que la parenté des Janville ne lui fût onéreuse. Devant la dignité de sa cousine, vivant de façon modeste mais irréprochable, ne lui demandant aucun service d’argent, il s’était rassuré ; et leurs relations, pour n’être pas intimes, n’en avaient pas moins été cordiales.

Les Archer invitaient Mme Janville et son fils à dîner, de loin en loin ; ils donnaient de bons conseils à la mère et montraient de la sympathie au fils. Ferdinand eût aimé avoir de l’influence sur Albert, lui enseigner la vie, le préserver de contacts dangereux ; il sollicitait, à cet effet, la confiance du jeune homme, affectant de le traiter en garçon au-dessus de son âge, prévenance à laquelle Albert, flatté, daignait répondre assez gracieusement.