Page:Margueritte - À la mer, 1906.djvu/57

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m’avais parlé de son fils, je me rappelle maintenant. Il a l’air bien intelligent, ce jeune homme, mais un peu délicat de santé ?

Tout le monde s’intéressa alors aux Emonod, et Albert se sentit bien plus flatté d’avoir pu intéresser une femme si exceptionnelle à tant d’égards ; seulement l’idée qu’elle était très riche le tourmenta : si elle allait le mépriser en sachant que sa mère et lui n’avaient qu’une petite aisance ? Mais la bonté peinte sur son visage réfléchi et la simplicité haute de ses manières le rassura.

Nénette parut poussant brusquement la porte ; elle était vêtue d’une robe rose qui découvrait ses bas noirs, et elle sentait bon le savon à la violette, la peau fraîche sous le baiser qu’elle alla demander à sa tante et à Albert. Elle se donnait comme lui un maintien d’importance, très raide et cependant très vive, en sèche petite personne, comme les enfants qui jouent à la madame, et elle semblait intimer à son cousin de ne pas la traiter en petite fille. Assise sur son pouf, elle se croisa les pieds et les mains en une attitude pleine de sérieux, mais sa vivacité reprenant le dessus, elle attira à elle un grand album de photographies et dit :