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Page:Mariéton - Hellas, 1889.djvu/42

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Rien que le bruit des flots. Soudain, la cloche tinte,
Et son douzième coup m’annonce l’heure sainte.
Minuit ! tant de minuits m’ont vu, morne songeur,
Sans qu’une voix d’en haut s’élevât dans mon cœur.
Mais cette nuit, avant que mon âme y consente,
Une voix me revient de la patrie absente
— « Seigneur, vous êtes né pour sauver de l’enfer
Tous vos fils, égarés sur la terre et la mer.
Vous avez résolu de pardonner aux hommes,
Et vous avez souffert pour tous tant que nous sommes…
Soyez béni, Seigneur Jésus, que votre amour
Garde mon âme simple et mon cœur sans détour ! »
Ma prière d’enfance a regagné mes lèvres !
Le souvenir me rend ces innocentes fièvres,
La messe de minuit toute pleine de feux,
Avec la neige autour du réveillon joyeux ;
Et, scrutant l’horizon brumeux des côtes proches,
J’écoute dans le vent l’illusion des cloches…