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Page:Mariéton - Joséphin Soulary et la Pléiade lyonnaise, 1884.djvu/132

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Victor de Laprade

Que Laprade ne « soit pas un poète », comme l’aurait dit Musset, et comme l’aurait volontiers laissé croire Sainte-Beuve, après les Poèmes civiques, lui qui l’avait annoncé le premier en 1840, cela ne peut plus relever aujourd’hui que de méchantes querelles sans droiture ni jugement. Le nom de Victor de Laprade s’est inscrit de lui-même au livre d’or de la poésie française. Par la stabilité, l’harmonie de ses convictions, son œuvre triomphante a toujours su grouper autour d’elle l’élite des cœurs purs et des honnêtes gens ; et je ne saurais trouver de plus bel éloge à ce poète qu’en reportant sur son œuvre la justice qu’on doit à sa vie qui fut un exemple et un bienfait.

À côté de ces questions purement morales, il en est une cependant qui n’est pas moins à considérer pour la solidité d’une œuvre littéraire : la question de l’accent original ou personnel du poète, qui seule lui assure l’immortalité. « Car, il faut se rendre compte, comme disait dernièrement M. F. Brunetière, le