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Page:Mariéton - Joséphin Soulary et la Pléiade lyonnaise, 1884.djvu/25

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Joséphin Soulary

cependant, et redevient la Muse, quand elle nous parle avec l’accent de cet Oaristys :

Ils vont, beaux amoureux, côte à côte, en silence,
Les yeux baissés à terre et la main dans la main,
Sans songer qu’ils sont seuls, éloignés du chemin,
Et que la nuit s’abat sur la forêt immense.

Où vont-ils ? Où le cœur les conduit sans défense,
Impatients et doux sous l’aiguillon divin :
Lui, du désir d’oser tout ému dans son sein ;
Elle, tremblant qu’il n’ose et se livrant d’avance.
 
Ils n’ont rien dit encore, et tout est dit entre eux.
— La nature est discrète, enfants, soyez heureux !
Et toi, barde de Cô, souris, vieux Théocrite !
 
Vois, ton drame d’amour dure éternellement ;
C’est depuis deux mille ans la seule page écrite
Où le temps ait passé sans aucun changement.

Les sonnettistes antérieurs à Soulary ne nous avaient pas habitués à cette envergure, dans une telle liberté de ciel. Voilà un