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Page:Marie-Victorin - Croquis laurentiens, 1920.djvu/208

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CROQUIS LAURENTIENS

capitaine du vaisseau avait dit en montrant le poing au ciel :

— Je donne la cargaison au diable !

On fit des prières publiques, on bénit le bois et courageusement, on recommença l’ouvrage qui cette fois a tenu. Et voilà comment, bien malgré lui, le diable a fourni les matériaux de l’église de l’Étang-du-Nord !…

À cent pas de cette église légendaire, une belle académie toute neuve, assise sur une colline, commande un incomparable paysage. C’est là que, désormais les jeunes Madelinots, entre les pêches, viendront étudier les malices de la règle d’intérêt et de celles du participe passé, où ils apprendront que le monde s’étend très loin au-delà du Rocher-des-Oiseaux et du Corps-Mort, et nombre d’autres choses curieuses qui ne les rendront guère plus heureux que leurs pères.

Inutile de nous attarder à ce village où nous ne connaissons personne. Passant au grand trot à travers des maisons nombreuses, notre cheval s’engage sur le cordon littoral qui conduit aux bords saumâtres de l’Étang-du-Nord, dont nous voulons aujourd’hui examiner la végétation.

Oh ! les merveilles de la flore littorale ! Les profanes ignoreront toujours le frisson de joie qu’éprouve un botaniste à s’agenouiller sur le sable gonflé d’eau, dans l’orbite des infimes