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Page:Marie-Victorin - Croquis laurentiens, 1920.djvu/21

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LE VIEUX LONGUEUIL

et pour accueillir le soleil, ont fait grincer les lourds volets ! Si chargées de souvenirs, d’images anciennes, de parfums d’âmes ancestrales et obscurément proches, comme nous voudrions les garder ainsi, les empêcher de mourir tout à fait, nos vieilles maisons !

Mais d’autre part, les gens progressistes se frottent les mains : elles s’en vont une à une les affreuses bicoques ! Enfin Longueuil se réveille de son sommeil trois fois séculaire ! Il y a enfin du ciment et des rails sur la chaussée !

Hélas ! oui ! Les autos grondent au fond des garages et Longueuil pue l’essence très comme il faut ! Sans compter que l’ère des usines étant enfin ouverte, quelques hautes cheminées éructent toute la journée dans les hauteurs du ciel !…

Bientôt personne ne saura plus que la petite ville riveraine assise sous les hauts feuillages, Longueuil-sous-Bois, Longueuil-des-Barons, est illustre entre toutes les villes du Nouveau Monde. On oubliera que la grande maison de pierre qui faisait autrefois, du côté de l’est, l’angle du Chemin de Chambly et du Bord de l’eau, abrita un berceau où s’éveillèrent à la vie toute une phalange de conquistadors et de faiseurs de pays, qui, sur tout le continent, ont promené leurs épées solidement tenues, et attaché à la grande aventure coloniale de la France, un immortel reflet d’épopée.