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Page:Marie-Victorin - Croquis laurentiens, 1920.djvu/287

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BRION

à l’abri, accrocher leurs nids en beauté, et narguer, les colères de l’océan.

Deux, trois, quatre milles de course sur les falaises, nous révèlent à chaque instant, au caprice des anses, quelque nouveau Temple du Flot, peuplé d’autres compagnies de pigeons noirs. La terre s’abaisse maintenant et voici bientôt, au bout de l’île, le campement des pêcheurs nomades. Asseyons-nous un peu dans le plantain pour reprendre haleine. Là-bas, d’où nous venons, le petit val où nichent les Dingwall, propriétaires de l’île, et la pointe fauve de la modeste dune que nous foulions hier. Il y a des gens qui ont tous les bonheurs ! Vivre sur la terre de Brion, Brion-sur-Mer, Brion-la-Belle, Brion-la-Fertile, ce serait trop beau rêve ! Allons ! debout ! et en route pour le phare.

Brion est l’un de ces lieux fortunés, à double effet, où rien ne ressemble si peu à l’aller que le retour. Les éléments du paysage sont les mêmes, mais inversés, combinés autrement, créateurs de lignes inédites et d’horizons neufs. De joies nouvelles aussi ! Mais il ne faut pas s’arrêter à les savourer. On nous attend au phare, et déjà, le bateau, dont c’est le jour, doit être en route. Pour tout l’or du monde et les délices de Capoue-Brion, il ne faut pas le manquer.