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Page:Marie-Victorin - Croquis laurentiens, 1920.djvu/78

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CROQUIS LAURENTIENS

tive, écoutez ma prière, » soupirait le blanc vieillard sur le rocher.

« L’heure est à l’angoisse commune, mais le ciel exauce les vœux. Dieu, par un prodige, vient fortifier l’espérance de son serviteur. Le roc, s’amollissant comme l’argile, garde l’empreinte de son pied droit, et, au même lieu, jaillit une source pure et intarissable.

« L’âme de l’apôtre, touchée d’une main invisible, se sent frémir et est inondée de douceur : Seigneur, vous lui ôterez son cœur de pierre pour lui en donner un qui soit docile ; vous ouvrirez dans ses yeux la source des saintes larmes qui appellent le pardon, et son pied s’affermira dans vos voies. »

« Aux accents de la prière la rosée descend des cieux. Soudain une vague écumante jette aux pieds du prêtre le corps de la jeune fille. A-t-elle péri ? Non, non ! Un frisson secoue les membres, les paupières s’ouvrent toutes grandes et le regard s’attache au bienfaiteur ; quel regard ! il se baigne d’une gratitude infinie ! Heureuse, elle se relève vivement et murmure une prière de foi et d’amour. Tandis que le prêtre baisse sa haute stature, et que ses cheveux blancs ombragent comme un voile pudique la tête de la pécheresse, elle fait les aveux du repentir. Aux premières larmes qui jaillissent de ce cœur renouvelé, le ciel reprend ses teintes d’azur, le