Page:Marie-Victorin - Récits laurentiens, 1919.djvu/102

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« Qui voudrait vivre, mon fils, s’il connaissait l’avenir ? Un seul malheur prévu nous donne tant de vaines inquiétudes ? La vue d’un malheur certain empoisonnerait tous les jours qui le précéderaient. Il ne faut pas même trop approfondir ce qui nous environne ; et le ciel qui nous donne la réflexion pour prévoir nos besoins, nous a donné les besoins, pour mettre des bornes à notre réflexion… »


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Un bruit de pas dans l’escalier !… Prompt comme l’éclair Fred flanque le Baillargé à plat ventre sous le lit pour s’élancer par la lucarne, courir sur le toit et se laisser glisser par la tige du paratonnerre. Je veux le suivre, mais j’hésite quelques secondes, tenant toujours bêtement mon Bernardin entre mes doigts !… Une grosse main froide qui me saisit le poignet ! Je suis perdu !… La voix que je connais trop bien tonitrue :

— Qu’est-ce que tu fais là ?

— !!…

— Parle ! Je ne mange pas les enfants !