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PRÉFACE

À la jeunesse, sensible et avide du sens des choses, ces Récits Laurentiens, apportent une fraîche révélation. Un art nourri de fortes images et de saisissante réalité va lui offrir les panoramas de paysages insoupçonnés, qu’humanise, loin du prestige des villes bruyantes, le geste audacieux mais nécessaire des défricheurs. Ce sera pour elle un contact par des mots évocateurs de l’âme du terroir. La respiration de la Patrie va passer en elle et la remuer dans sa profonde sensibilité. Ce sera dans sa mémoire l’incrustation de ton image, ô Canada. Initiée à tes grands horizons, à l’hymne du Saint-Laurent, elle voudra elle aussi, non plus à travers les mots fervents d’un livre, aller te saluer de ses yeux et de son rêve, ô Patrie ; elle voudra, à son tour et à sa manière, te dire, comme le Frère Marie-Victorin, le doux sentiment de te connaître et de t’aimer.

Enfin, la littérature canadienne, que l’on disait, depuis Crémazie, vêtue d’un manteau un peu terne, a mis, avec le Frère Marie-Victorin, des fleurs nouvelles à son corsage, une feuille d’érable dans ses cheveux ; et fière de sa parure, la jolie est allée au Saint-Laurent se mirer. Belle, elle a souri au reflet de ses yeux et de ses fleurs ; et dans son cœur elle a pensé qu’elle pourrait bien se passer d’oripeaux étrangers. Bravo ! la fière, nous t’aimons ainsi, fille aux beaux yeux doux !…

Albert Ferland.

Montréal, mars 1919.