nière tempête a encore jeté une grosse branche sur ma remise !
— Tu veux m’en faire coûter ? dit Siméon en secouant sur son pied la cendre de sa pipe.
— Non, Siméon, c’est pas pour l’argent, mais la branche a failli tuer un de mes petits gars. Quelque beau jour cet arbre-là nous tombera sur la tête !
— Il est encore solide ! Il est vieux, quoi ! Un arbre ça perd des branches comme nous autres nous perdons des cheveux. On ne meurt pas de ça ! Nous serons tous les deux dans la terre avant lui !
Charles hocha la tête.
— Écoute, Siméon, on en parlait sur le perron de l’église dimanche, et dans le rang de la Petite-Rivière, tout le monde pense comme moi : tu devrais le couper avant qu’il arrive un malheur.
— Le couper !
En disant ces mots le vieillard avait retiré sa pipe et restait là, en arrêt, les yeux agrandis devant cette conjoncture à laquelle il n’avait jamais songé.
— Oui, continua Charles, faudra que tu te décides. J’ai vu un avocat, on peut t’obliger. Mais nous sommes de bons voisins, n’est-ce pas ? Et alors…