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Page:Marie Curie - L'isotopie et les éléments isotopes, 1924.pdf/135

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POIDS ATOMIQUE ET NOMBRE ATOMIQUE

λ1 et λ2 correspondant à λ0, par effet d’entraînement du noyau, dans le cas de masses M1 et M2 :

d’où           


(quantité toujours inférieure à 0,1 pour mille).

Si l’on compare le plomb ordinaire (207,2) au plomb d’uranium (206) on trouve approximativement, pour la raie 4058 A., un écart 5 x 10-5 A., en dehors de toute possibilité de mesure. L’écart observé par Merton est environ 0,01 A., dans le sens prévu par le raisonnement précédent.

Il faut remarquer, toutefois, que le calcul indiqué ci-dessus ne s’applique pas au spectre d’émission du plomb car il a été établi dans le cas simple d’un noyau accompagné par un seul électron. Cette objection évidente a été signalée par Bohr et par Ehrenfest [75]. Aucun calcul, même approximatif, ne permet actuellement de traiter un cas aussi compliqué que celui d’un noyau de plomb accompagné de ses nombreux électrons, ni même le cas beaucoup plus simple d’un noyau de lithium et de ses 3 électrons, où des différences plus importantes pourraient apparaître en raison de l’écart relativement considérable des masses 6 et 7 des deux isotopes.

Le spectre du lithium a été soumis à l’étude, mais les résultats obtenus ne semblent pas définitifs. La raie rouge 6708 A. du lithium se décompose, comme on sait, en un doublet formé de deux raies très rapprochées. Mc Lennan et Ainslie produisant un arc dans la vapeur de lithium et utilisant une méthode interférentielle ont prouvé que la raie considérée est un quartet avec les intervalles 0,128 A., 0,173 A. et 0,165 A. [76]. Les auteurs considèrent comme vraisemblable que, sur ces quatre raies, deux sont attribuables à Li6 et deux à Li7, mais il subsiste une incertitude sur cette attribution. La séparation des groupes isotopiques serait, en tout cas, de 4 à 2 fois plus grande que celle qu’on peut prévoir par l’application de la théorie de Bohr sous sa forme la plus simple, mais il convient de rappeler que cette application n’est pas justifiée.

L’interprétation ci-dessus en ce qui concerne le spectre du lithium a été contestée par Merton [76] qui signale l’extrême variabilité du rapport des intensités des 4 raies en discussion. Rappelons néanmoins qu’il en est parfois de même pour les raies du spectre de masses attribuables aux isotopes, et que la raison de cette variabilité n’a pas encore été reconnue.