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Il y a là un moyen d’étude important en ce qui concerne les radioéléments. Ceux-ci émettent spontanément des rayons et des rayons qui ont entre eux les mêmes relations que celles qui existent entre les rayons corpusculaires et les rayons X qui leur donnent naissance. Ces relations ont été discutées dans les travaux récents de de Broglie, de Ellis et de Lise Meitner [81]. Les auteurs sont d’accord sur le fait que les rayons qui donnent un spectre magnétique de lignes, sont extraits des niveaux K, L, M, par les rayons émis par les mêmes atomes. Mais tandis que L. Meitner réserve le groupe de rayons de vitesse maximum comme groupe primaire venant du noyau et pouvant être intégralement converti en dedans de celui-ci en rayons de même quantum ( des rayons = énergie cinétique des rayons ), Ellis considère l’émission de rayons comme le phénomène primaire et l’émission de rayons du noyau comme un effet consécutif. Ellis a été amené à distinguer dans le noyau des niveaux d’énergie comparables à ceux qui existent en dehors du noyau.

Pour fournir une image de la structure moléculaire certains savants (Lewis et Langmuir) ont introduit un modèle d’atome à propriétés purement géométriques, sans aucune intervention des conceptions de la mécanique ou de l’énergétique. Dans cette manière de voir, les électrons d’un atome tendent à se constituer en un ou plusieurs octets, édifices cubiques avec des électrons aux sommets des cubes, pouvant avoir des paires d’électrons en commun. L’assemblage de ces groupements permet de représenter d’une manière très frappante les propriétés chimiques des éléments et de leurs composés.

34. Théorie de l’unité de la matière. — Les travaux d’Aston ont montré que les poids atomiques de tous les éléments qu’on obtient à l’état de constituants simples, sont avec une grande approximation des nombres entiers, en prenant comme base O = 16. C’est là une forte présomption en faveur de l’ancienne théorie de Prout d’après laquelle les poids atomiques de tous les éléments sont des multiples du plus petit d’entre eux. Il reste à expliquer pourquoi l’atome d’hydrogène a un poids atomique assez notablement supérieur à la seizième partie de celui de l’oxygène. On pense en avoir trouvé l’explication dans la perte d’énergie qui a dû accompagner la condensation des atomes d’hydrogène en atomes plus massifs et qui doit correspondre à une perte de masse (Einstein, Langevin) suivant la formule


c est la vitesse de la lumière.