Les corps radioactifs de longue période sont l’uranium, le thorium, l’ionium, le protactinium, l’actinium et, dans une moindre mesure, le radium D, le mésothorium, le radiothorium, le polonium. La grandeur de la période n’apparaît pas jusqu’à présent comme liée à la nature chimique de l’élément et ne peut, actuellement au moins, être utilisée pour expliquer les analogies chimiques.
Il existe trois gaz radioactifs qui ont reçu le nom d’émanations et qui sont produits par le radium, le thorium et l’actinium[1] ; on peut les séparer de ces corps par simple aspiration du gaz qui les entoure. Cette circonstance a grandement facilité leur étude, bien que leurs périodes ne soient pas longues. Les émanations sont considérées comme des gaz inertes, car on n’a pu les faire entrer en combinaison chimique. Elles se condensent à la température de l’air liquide, et ce phénomène est utilisé pour leur purification. Celle-ci a été réalisée pour l’émanation du radium dont la période est de 3,85 jours, tandis que les périodes des deux autres émanations sont de 54 secondes et 3,9 secondes seulement.
L’apparition de gaz radioactifs dans la série des transformations du radium, du thorium et de l’actinium marque une sorte de coupure de grande importance pratique. Ces gaz pouvant être facilement extraits des substances mères, les produits solides de leur destruction spontanée peuvent être recueillis à volonté sur des parois solides qui se trouvent en contact avec eux, exactement comme cela arriverait pour des poussières ou des gouttelettes ténues, en suspension dans un gaz. L’ensemble des produits de transformation d’une émanation constitue ce qu’on nomme son dépôt actif ; celui-ci est composé de plusieurs substances distinctes.
3. Familles de radioéléments. — Un mode de classement, particulièrement intéressant au point de vue de la théorie des transformations radioactives, consiste à grouper les éléments radioactifs en familles, par ordre de filiation. Ces familles sont au nombre de trois, les trois têtes de série étant l’uranium, le thorium et l’actinium. Il est cependant probable que le raccord de la famille de l’actinium avec celle de l’uranium ne manquera pas d’être réalisé, de même qu’il a déjà été établi que la famille du radium dérive de l’uranium. Les trois familles ont été représentées dans le Tableau II. Pour chaque corps, on a indiqué la valeur de la période ainsi que le mode de rayonnement , , et . Quand la période n’est connue qu’indirectement, le nombre est accompagné d’un point d’interrogation. Quand la
- ↑ La Commission Internationale des Tables Chimiques (1923) a proposé, pour les 3 émanations les noms : radon, thoron, actinon et les symboles, Rn, Tn, An.