Kohlweiler a appliqué la méthode de diffusion à l’étude de la vapeur d’iode [96]. Cet élément considéré comme simple par Aston, à la suite de l’examen dans le spectrographe des masses, est représenté, tout au moins principalement, par un seul constituant de poids atomique 127. La vapeur d’iode était admise à diffuser successivement au travers de 131 plaques poreuses fixées à joints étanches dans un tube maintenu à la température de 230° ; le mélange d’air et de vapeur était introduit dans le tube à la pression atmosphérique, tandis que la pression à la sortie était environ 50 mm. de mercure. L’iode diffusé était recueilli dans une solution de sulfure de carbone, et formait dans celle-ci des cristaux qui était soumis à l’analyse. Le poids atomique normal 126,93 a été trouvé pour l’iode naturel purifié, avec un écart extrême de 0,15 %, tandis que les fractions extrêmes résultant de la diffusion correspondent aux poids atomiques 126,07 et 127,73 avec un écart de 1,3 % distribué par moitiés environ autour de la valeur normale. L’auteur conclut à l’existence de deux isotopes de l’iode, présents en petite proportion, l’un plus lourd, l’autre plus léger que l’iode 127. Ce résultat demande confirmation, toutefois on peut s’attendre à la complexité d’un élément à poids atomique élevé tel que l’iode.
On doit à Harkins et à ses collaborateurs Turner, Liggitt, Brocker, Hayes, Mülliken, des recherches importantes poursuivies depuis 1915 sur la séparation des isotopes du chlore par diffusion [96). Les recherches ont porté non sur le chlore même, mais sur le gaz chlorhydrique ; il n’existe pour celui-ci que deux espèces de molécules isotopiques HCl35 et HCl37, tandis qu’il existe, comme nous l’avons vu, trois espèces de molécules de chlore. La diffusion avait lieu au travers de tubes poreux où le gaz produit par l’action de l’acide sulfurique sur une solution de HCl et soigneusement lavé, était admis à la pression atmosphérique ; le gaz diffusé entraîné par un courant d’air était recueilli dans un bain d’eau pure et l’on déterminait le poids atomique du chlore qui y était contenu, à la précision de 0,003 unité, par le titrage du chlore dans des solutions d’égale densité.
Les auteurs ont examiné de près les conditions du problème et ont donné un certain nombre de formules pour le calcul des résultats. Le rapport (« cut ») désigné par C est pris comme variable en fonction de laquelle on détermine soit la valeur du coefficient d’enrichissement r, soit la variation du poids atomique, pour le rendement théorique. Celui-ci n’est pas réalisé dans ces expériences, puisqu’elles sont faites à la pression atmosphérique pour réduire les difficultés d’exécution.