méthode de distillation fractionnée qui n’est opérante que s’il existe une différence appréciable des pressions de vapeur saturante. Il n’en est plus de même quand on fait appel uniquement à la vitesse d’évaporation, déterminée par la vitesse d’agitation thermique.
L’évaporation d’un liquide consiste en ce que certaines molécules quittent la surface de séparation pour pénétrer dans l’espace occupé par la phase gazeuse. Le nombre de ces molécules est proportionnel à la vitesse moyenne d’agitation thermique, car on peut admettre que les forces de cohésion qui s’opposent à la sortie sont les mêmes pour les isotopes. La surface du liquide agit donc en quelque sorte comme une membrane poreuse au travers de laquelle s’échappent les molécules douées d’une énergie cinétique suffisante pour compenser le travail des forces de cohésion. D’autre part, du sein de la phase gazeuse, en équilibre de régime avec la phase condensée, des molécules se dirigent vers la surface de séparation pour être absorbées par celle-ci, et les nombres de ces molécules par unité de temps sont également proportionnels aux vitesses moyennes. Par conséquent, si l’on laisse s’établir le régime normal de la distillation, dans lequel le nombre des molécules séparées par condensation dans un réfrigérant n’est qu’une petite fraction du nombre des molécules échangées dans le même temps entre le liquide et la vapeur, la probabilité de séparation devient minime, car la composition moyenne de la vapeur est la même que celle du liquide.
Il n’en est plus de même si, rendant le processus irréversible, on empêche le retour des molécules évaporées vers le liquide, en les interceptant par une paroi froide, avant qu’elles aient pu subir un choc favorisant le renversement de la direction de leur vitesse. Toutes les molécules sorties du liquide étant alors captées, les nombres des molécules isotopes dans un distillat obtenu de cette manière doivent être entre eux dans le rapport des concentrations dans le liquide, multiplié par celui des vitesses moyennes d’agitation thermique, c’est-à-dire celui des inverses des racines carrées des masses moléculaires. La condition à réaliser consiste à maintenir dans le récipient une pression assez basse, pour qu’il ne se produise pas de choc entre les molécules qui s’évaporent et les molécules de gaz résiduel, sur la distance qui sépare la surface d’évaporation de la paroi froide qui sert de condenseur. La vitesse d’évaporation elle-même doit être limitée, car si la densité des molécules de vapeur devenait notable, il se produirait des chocs nuisibles entre ces molécules elles-mêmes ; pourtant, la limite ici est plus écartée car les molécules qui s’échappent du liquide forment un courant de vapeur dirigé vers la paroi froide. Une autre condition importante consiste à conserver une composition uniforme du liquide au voisinage de la