Ainsi le sulfate de radium précipite avec celui de baryum. Le Ra E précipite avec le plomb à l’état de carbonate, mais non à l’état de sulfate en présence d’acide sulfurique libre, — ce qui est conforme à la règle ci-dessus, puisque Ra E possède les propriétés du bismuth.
Les deux énoncés s’appuient évidemment sur l’ensemble des connaissances qui ont permis de fixer le caractère chimique des radioéléments et leur position dans le système périodique ; le deuxième énoncé fait appel à l’attraction qu’on suppose exister entre l’anion et le cathion dans un sel solide peu soluble, grâce au lien de valence.
On peut cependant reprocher à ces énoncés un manque de généralité, tout au moins en ce qui concerne l’application aux éléments inactifs. En effet, la précipitation du fer avec le sulfate de baryum prouve qu’un élément peut être entraîné avec un sel peu soluble, alors que le sel qu’il forme avec l’anion est soluble. On peut citer, de même, l’entraînement de zinc et de gallium avec le sulfure d’arsenic précipité en solution acide.
Le comportement des radioéléments ne semble pas non plus nécessairement conforme aux règles ci-dessus. Ainsi le polonium est partiellement entraîné dans la précipitation du chlorure d’argent avec excès d’acide chlorhydrique, alors qu’il paraît certain, d’après la technique courante de sa préparation, que son chlorure est soluble en solution acide.
Les essais de cristallisation systématique de sels divers en présence de radioéléments (Strömholm et Svedberg), [16] ont montré que, dans bien des cas, le sel cristallise à l’état complètement inactif. Si les cristaux formés sont actifs, on trouve là une indication d’isomorphisme entre le radioélément qui s’y est fixé et un élément constitutif des cristaux. Ainsi l’actinium X et le thorium X cristallisent avec les sels de baryum et de plomb, mais non avec ceux de magnésium, de lanthane. Les indications de ce genre, sont particulièrement concluantes quand on opère avec des sels assez solubles dont une partie seulement est déposée à l’état de cristaux tandis qu’une partie reste en solution [16].
À côté des méthodes de séparation purement chimiques, on peut citer celles qui reposent sur la solubilité ou la volatilité des radioéléments. Le polonium, par exemple, peut être séparé et purifié par distillation [17). Cette méthode est aussi employée pour la séparation, plus ou moins complète des constituants des dépôts actifs [18]. Pour ces derniers, on a aussi utilisé les différences de solubilité et de vitesse de dissolution [19] lesquelles dépendent d’ailleurs, pour les couches d’épaisseurs moléculaires, de la nature du support.
On a pu déterminer aussi avec une assez grande précision les coefficients de diffusion des trois émanations, leurs coefficients de solubilité dans