Page:Marie Lenéru - La Paix.djvu/134

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en deuil, dans les bras d’une femme révoltée, l’assurance, le calme, la certitude d’accomplir l’œuvre nécessaire, l’œuvre indispensable, la mission suprême du salut !

Peltier, très las.

Évidemment, vous avez raison.

Delisle, d’un autre ton. Voulant en finir.

Alors, c’est le sacrifice, Peltier, ce sont les adieux ? J’ai dix ans de plus que vous, laissez-moi… Je suis un chef, moi aussi, à ma manière, à peu près du même ordre que vous. Tous deux nous répondons de la France, non pas devant la paix, mais devant les forces de l’ennemi… Notre rôle est restreint peut-être… Des voix qui sauront parler de plus haut feront peut-être un jour taire les nôtres, c’est possible, je ne le nie pas… Il est possible que cette femme ait raison contre moi, il est possible qu’elle serve mon pays mieux que moi, il est possible qu’elle soit admirable et digne plus que tout autre de votre passion, mais ce que je sais bien, c’est qu’il ne vous est permis, à aucun titre, de l’aimer.

(Peltier est très sombre et se tait. Delisle retrouvant tout son charme de « maître », de séducteur d’hommes.)