Page:Marie Lenéru - La Paix.djvu/73

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

passions des hommes qu’on arrache à leurs foyers ?

Peltier

Non, lady Mabel, non je ne crois pas cela, et il est certain qu’il y a beaucoup de phrases toutes faites… mais je crois à une folie collective…

Mabel, le contemplant.

En fait de phrases toutes faites, je vous félicite…

Peltier, souriant.

Vous ne croyez pas non plus à la folie collective ?

Mabel, haussant les épaules.

Mot facile… mot de pédant. La guerre ne serait pas si tragique si on avait affaire à des fous. La vérité est que pas un de ces fous n’a cessé de se répéter : « Quelle folie ! … » Oui, les hommes sont querelleurs, avides, envieux et cruels, ils sont ignobles, autant que vous le voudrez, mais la guerre est leur sainteté, elle n’est pas leur crime. La guerre est leur plus cruel sang-froid, elle n’est pas leur folie.

(Peltier prend la main de Mabel et la baise. Jean la regarde très surpris.)