Page:Marie Lenéru - La Paix.djvu/92

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pas votre cœur… Et ce sont les prestiges de la guerre qui vont plus loin encore en vous, et qui me volent votre amour. Vous me préférez un soldat.

Mabel, fatiguée.

Mais non, Moore, mais non… Est-ce que je peux… est-ce qu’un soldat peut m’aimer, voyons ?

Moore

Vous niez bien mal. Ah ! vous en êtes aux cas de conscience ? Si vous n’êtes pas décidée à capituler, Mabel, il faut vous en aller et partir tout de suite avec moi… Oui, je sais, je sais, très bien… Je connais la puissance terrible de la guerre, de la mort sur les cœurs… et il faudra une grande résolution aux hommes pour perdre auprès de vous ces prestiges-là… Nous serons moins aimés, Mabel, et nous le mériterons moins… Cet impitoyable côté de la guerre est celui dont peut-être nous ne guérirons pas… Une effroyable vie de cœur, mais quelle vie.

Mabel, révoltée.

Non, non… nous ne pensons pas à cela, notre amour n’est pas à ce prix-là !