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préface

des enfants légitimes ? Et ces autres enfants, que le mari qui n’aime plus sa femme procrée en dehors du mariage, n’ont-ils donc aucun droit à la protection de la loi ? Ne constituent-ils pas la plus effroyable plaie sociale, celle qu’il est le plus pressant de guérir ?

Que deviennent, en effet, ces enfants, voués par leur naissance à l’abandon, à une mort prématurée, ou bien à l’ignorance, à la honte, à la misère, et par conséquent au vice ? Ne sont-ce pas ceux-là qui vont peupler les prisons et les bagnes ? La loi ne serait-elle pas plus sage de prévenir le mal que d’y apporter un tardif remède ?

Mais, enfin, lorsqu’il n’y a pas d’enfants, quel motif pour laisser enchaînés deux êtres qui se haïssent et qui sont séparés de fait ?

Les partisans de l’indissolubilité, au seul mot de divorce, crient à la promiscuité, appréhendent un chaos social. Cependant en Angleterre, en Suisse, en Allemagne, en Belgique, en Russie et en Amérique, où le divorce est établi, les mœurs sont au moins aussi respectées, et la famille aussi solidement assise qu’en France, en Espagne, en Italie, que dans tous les pays catholiques, où règne l’indissolubilité, partant la licence et l’hypocrisie qu’elle engendre.

Pour remédier à notre démoralisation croissante, la mesure la plus urgente, c’est donc le divorce. Qu’il soit établi, et l’on verra, nous osons l’affir-