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les forçats du mariage

encore humides, et alla au-devant des nouveaux venus avec une entière cordialité.

— Vous me voyez tout émue, leur dit-elle ; une gracieuse attention de mon mari ; il me souhaite ma fête comme un amoureux. Et puis votre visite !… Car vous êtes des amis de Robert, et votre arrivée est pour moi un double bonheur.

Une jalousie violente étreignit le cœur de Juliette. Cet intérieur élégant, ce tendre souvenir de Robert, la figure rayonnante de Marcelle, son espoir de maternité, tous ces coups répétés avivèrent une blessure que tout l’amour d’Étienne, si passionné et si tendre, n’avait pu guérir.

Elle resta froide, cérémonieuse, humiliée de son infériorité et trop fière pour le laisser paraître. D’ailleurs elle ne savait pas encore mentir ; elle ne pouvait témoigner à cette femme, qu’elle haïssait, une affection même banale.

Une magnifique rivière de diamants qu’on apporta bientôt après de la part de Robert, acheva d’exciter la sourde colère de Juliette.

Robert rentra. Il venait d’apprendre la visite de M. et de Mme Moriceau. Il était fort troublé. Marcelle l’accueillit avec un regard où elle mit toute sa tendresse ; mais Robert la vit à peine. Elle chercha sa main, lui présenta son front. Robert la repoussa doucement.

Juliette surprit ce jeu muet. Avec sa finesse féminine elle eut l’intuition de la vérité : tous ces